Le régime carnivore : un pari risqué pour votre santé

Les régimes alimentaires extrêmes attirent toujours. Parmi eux, le régime carnivore, prônant la consommation exclusive de viandes, œufs et produits animaux, sans aucun végétal ni glucides. Il est décrit comme une solution miracle contre les ballonnements, l’inflammation et même certaines pathologies chroniques. Mais derrière ces promesses alléchantes, se cachent souvent des déséquilibres profonds et silencieux.

Pourquoi cet engouement pour le régime carnivore ?

Le régime carnivore séduit pour plusieurs raisons :

• Perte de poids rapide

• Absence de fringales

• Sensation de clarté mentale

• Réduction apparente de l’inflammation

  
  

Les réseaux sociaux, regorgeant de témoignages de personnes ayant amélioré leur santé temporairement grâce à ce régime, participent largement à sa popularité. Mais ce que l’on ne voit pas, ce sont les analyses biologiques cachées derrière ces résultats trompeurs.

Étude de cas : Les dégâts silencieux d’un régime carnivore

Un de mes patients, qui a suivi un régime carnivore strict pendant huit mois, a souhaité réaliser un bilan biologique complet pour « vérifier que tout va bien ». Ce qu’il ne savait pas, c’est que son corps avait déjà commencé à souffrir en silence.

Résultats principaux :

1. Profil des acides gras érythrocytaires

   Un excès d’acides gras saturés (notamment acide palmitique, à 185 % de la moyenne de référence)

   Un déséquilibre notable entre oméga-6 et oméga-3

   Indices de stress oxydatif et d’inflammation chronique (FORB bas, LDL oxydé élevé)

   

   
   

📷 Légende de l’image 1 : Profil des acides gras érythrocytaires montrant un excès d’acides gras saturés et un déséquilibre inflammatoire.

2. Marqueurs biochimiques intestinaux

   Calprotectine très élevée (229 mg/Kg) = inflammation active

   Zonuline à 143.3 µg/l = hyperperméabilité intestinale

   IgA sécrétoires basses (124 mg/l) = immunité intestinale affaiblie

   
   

   

   
   
   
   

   

   
   

📷 Légende de l’image 2 : Marqueurs biochimiques intestinaux révélant une inflammation intestinale active et une immunité affaiblie.

3. Stress oxydatif

   FORD (capacité antioxydante) extrêmement bas à 0.80 mmol/l (sous la normale de 1.08 – 9.99)

   LDL oxydé à 74 U/l (au-dessus de la norme maximale de 65 U/l)

   
   

   

   
   

   

   
   

📷 Légende de l’image 3 : Résultats du stress oxydatif montrant une capacité antioxydante effondrée et un risque cardiovasculaire accru.

4. Métabolisme lipidique et fonction rénale

   Ferritine extrêmement élevée (447 µg/l) → surcharge inflammatoire potentielle

   Créatinine et urée élevées → surcharge rénale

   Clairance créatinine basse (58 ml/min) → insuffisance rénale débutante

   
   

Légende de l’image 4 : Résultats lipidiques et rénaux mettant en évidence une surcharge inflammatoire et un dysfonctionnement rénal.

Conséquences détaillées du régime carnivore strict

• Inflammation chronique : L'excès d'acides gras saturés (surtout l'acide palmitique) provoque une inflammation latente chronique, favorisant le développement de maladies cardiovasculaires, de troubles métaboliques et de maladies auto-immunes.

• Perturbation du microbiote intestinal : Sans fibres ni polyphénols provenant des végétaux, les bactéries bénéfiques sont affamées et disparaissent progressivement. Résultat : dysbiose avec fermentation protéolytique, augmentant le risque de maladies inflammatoires intestinales, troubles de l'humeur et troubles immunitaires.

• Hyperperméabilité intestinale : La hausse de la zonuline indique que l’intestin laisse passer toxines, protéines mal digérées et bactéries, augmentant le risque d'intolérances alimentaires, de maladies auto-immunes et de symptômes extra-intestinaux comme la fatigue chronique ou l'anxiété.

• Stress oxydatif élevé : L’absence d’antioxydants naturels augmente l’oxydation du LDL-cholestérol et des cellules, accélérant le vieillissement cellulaire et augmentant significativement le risque cardiovasculaire (athérosclérose, hypertension, AVC).

• Perturbations lipidiques : Le bilan montre un cholestérol LDL oxydé élevé, augmentant considérablement le risque cardiovasculaire. Le cholestérol total élevé (7.70 mmol/l) et le LDL à 4.0 mmol/l dépassent les valeurs recommandées, indiquant un risque accru de développer une maladie cardiaque ou une athérosclérose sévère.

• Surcharge rénale : Une élévation de la créatinine et une baisse de la clairance rénale témoignent d'une surcharge rénale liée à la consommation excessive de protéines animales, augmentant le risque d'insuffisance rénale chronique à terme.

  
  

Conclusion : Pourquoi ces régimes déséquilibrés sont dangereux

Le régime carnivore, s’il est suivi sur le long terme, peut entraîner des dérèglements profonds, même en l’absence de symptômes visibles. L’absence totale de fibres, antioxydants naturels, polyphénols et prébiotiques crée un terrain inflammatoire et oxydatif qui affaiblit le corps progressivement.

La santé, ce n’est pas juste ce que vous ressentez sur l’instant. C’est aussi ce que montrent vos analyses biologiques.

⚠️ Message essentiel : Faites des bilans biologiques fonctionnels complets avant de vous engager dans un régime extrême. Votre santé ne mérite pas de paris risqués.

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